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seillèrent de le lire en particulier, mais ne permirent pas de le lire dans l’église, ni comme écrit apostolique (il était trop moderne), ni comme écrit prophétique (le nombre de ces écrits était clos)[1]. Rome, en particulier, ne l’admit jamais ; l’Orient fut plus facile, Alexandrie surtout[2]. Plusieurs Églises l’eurent pour canonique[3], et lui accordèrent les honneurs de la lecture en chaire[4]. Des hommes éminents, Irénée, Clément d’Alexandrie[5], lui donnèrent une place dans leur Bible, après les écrits apostoliques. Les plus réservés lui concédaient une révélation angélique et une autorité ecclésiastique de premier ordre. Il y eut cependant toujours des doutes et des protestations[6] ; quelques-uns même

  1. Fragm. de Muratori, ligne 78.
  2. Saint Jérôme, De viris ill., 10.
  3. Canon stichométrique du Codex Claromontanus (iiie siècle, Afrique), dans Credner, Gesch. des neut. Canons, p. 177 ; Stich. de Nicéph., Credner, p. 244 ; Nicéph. Calliste, ibid., p. 256 ; Codex Sinaïticus, ad calcem.
  4. Eusèbe, H. E, III, iii, 6 ; saint Jér., De viris ill., 10.
  5. Irénée, IV, 20 ; Clément d’Alex., Strom., 1, 17, 29 ; II, 1, 9, 12 ; VI, 9 ; VI, 15 ; Tertullien (dans sa première période). De orat., 12 ; De alcatoribus, ad calcem Cypriani, p. 348 et suiv., Rig. (Paris, 1666) ; Liber Pontific., Pie I, et Epist. i pseudo-Pii.
  6. Tertullien (2e période), De pudic., 10, 20. Origène cite fréquemment le Pasteur ; il ne tranche pas la question de canonicité, quoiqu’il incline à croire l’ouvrage révélé. Homil. viii In Num., Opp., t. II, p. 294 (Paris, 1733) ; Homil. i In Psalm. XXXVII, t. II,