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pour être sauvé ; l’homme est sauvé avant tout par les dons spirituels[1]. L’Église est un corps de saints, et il faut la débarrasser de tout alliage impur[2]. Le martyre parachève le chrétien[3]. La prophétie est un don individuel, libre, non assujetti à l’Église ; on communique sa révélation aux chefs, quand on l’a reçue ; mais on ne prend pas leur permission[4]. Eldad et Modad furent de vrais prophètes, sans mission et en dehors de l’autorisation des supérieurs. La grande objection que feront les orthodoxes au Pasteur, comme aux révélations montanistes, est qu’il vient trop tard, « que le nombre des prophètes est déjà complet[5] ».

L’intention de pseudo-Hermas avait été, en effet, bel et bien d’insérer un nouveau livre dans le corps des écritures sacrées. Peut-être son frère Pius lui prêtait-il pour cela son appui. La tentative du faux Hermas fut à peu près la dernière de ce genre. Elle ne réussit pas, car l’auteur était connu ; l’origine du livre était trop claire. L’écrit plut par ce qu’il avait d’édifiant ; les meilleurs esprits con-

  1. Πνεύματα. Sim. xi, 13.
  2. Sim. ix, 18.
  3. Simil. viii, 3, et ci-dessus, p. 355-356.
  4. Vis. ii, 4.
  5. Canon de Muratori (écrit antimontaniste), ligne 78.