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tique par sa tendance à multiplier les êtres et à donner des anges même à ce qui n’a jamais existé[1]. Un ange gardien ne lui suffit pas ; chaque homme a deux anges, dont l’un le porte au bien, l’autre au mal[2]. Enfin, à beaucoup d’égards, il est par avance montaniste. Il n’y a chez lui aucune trace d’épiscopat[3]. Les anciens de l’Église[4] sont à ses yeux tous égaux ; il semble avoir été de ceux qui firent opposition à l’institution naissante qui renversait l’égalité des presbyteri[5]. Hermas est un pneumatique éprouvé[6] ; c’est un encrate, un abstinent[7]. Il se montre sévère pour le clergé[8]. Il se plaint du relâchement général. Le nom de chrétien, selon lui, ne suffit pas

  1. Cf. Recognit., I, 45. Cf. saint Jérôme, In Habacuc, i, 14.
  2. Mand. v, 1, 2 ; vi, 1, 2 ; xi. Voir encore Simil. vii. Comp. Barn., 18 ; Testam. de douze patr., Juda, 20 ; Aser, 1 et suiv. ; Ruben, 2 et suiv.
  3. Telle était la largeur d’idées de ce temps, qu’une pareille opinion ne doit pas surprendre chez un frère du pape Pius. L’auteur place d’ailleurs la scène de son roman soixante ans en arrière, à une époque où il n’y avait guère que des presbyteri.
  4. Il les nomme toujours au pluriel πρεσϐύτεροι, προϊστάμενοι, ποιμένες, ἐπίσκοποι, προηγούμενοι. Vis. ii, 2, 4 ; iii, 1, 5, 9, 11 ; Sim. ix, 26, 27, 31. Il est très-opposé à la πρωτοκαθεδρία. Cf. Vis. iii, 9 ; Mand. xi, 12 ; Sim. viii, 7 ; ix, x, 23, 31. Cf. Irénée, IV, xxvi.
  5. Vis. iii, 9 ; Mand. x ; Simil. viii, 7.
  6. Πάνσεμνον πνεῦμα καὶ ἤδη δεδοκιμασμένον. Vis. i, 2.
  7. Vis. i, 2 ; ii, 3.
  8. Simil. viii, 7 ; ix, 26.