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du fils unique (le Saint-Esprit). Tous y consentent par acclamation. Jésus est introduit par la résurrection dans le cercle divin ; Dieu lui envoie une part du festin, et lui, se souvenant de ses anciens co-serviteurs, partage avec eux ses dons célestes (les charismes). Le rôle divin de Jésus est ainsi conçu comme une sorte d’adoption et de cooptation, qui le met à côté d’un Fils de Dieu antérieur. Ailleurs, Hermas expose une théologie analogue à celle que nous avons trouvée chez les ébionites. Le Saint-Esprit préexiste à tout et a tout créé. Dieu lui choisit une chair où il puisse habiter en toute pureté, et réalise pour lui une vie humaine accomplie ; c’est la vie de Jésus. Dieu prend conseil de son fils et de ses anges pour que cette chair qui a servi l’esprit sans reproche ait un lieu de repos, pour que ce corps sans tache, dans lequel l’Esprit saint habita, ne paraisse pas rester sans récompense[1].

Toutes les chimères du temps se choquaient, on le voit, sans réussir à se mettre d’accord, dans la tête du pauvre Hermas. Quelques théories bizarres, telles que la descente des apôtres aux enfers[2], lui sont propres. Il est ébionite par sa façon d’entendre le royaume de Dieu et le rôle de Jésus. Il est gnos-

  1. Sim. v, 6.
  2. Sim. ix, 16.