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devoir pécher encore, il ne leur accorde pas cette faveur.

Dans les graves questions relatives à la pénitence publique, Hermas évite le rigorisme exagéré[1] ; il a des pitiés qui irriteront Tertullien et lui vaudront, de la part de ce fanatique, le nom « d’ami des adultères ». Il explique le retard de l’apparition du Christ par un décret de la miséricorde de Dieu, qui veut encore laisser aux pécheurs la chance d’un dernier et définitif appel[2]. Celui qui a blasphémé Christ, afin d’échapper aux supplices, ceux qui ont dénoncé leurs frères, sont morts pour toujours ; ils ressemblent à des branches sèches où la sève ne peut plus monter[3]. Et pourtant leur sort est-il irrévocable ? Dans certains cas, au moins, la miséricorde l’emportait dans l’esprit de l’auteur ; car les fils d’Hermas, qui ont été blasphémateurs du Christ et traîtres à l’Église, sont admis au pardon à cause de leur père[4]. Ceux qui ont simplement renié Jésus de bouche peuvent se repentir. « Quant à celui qui a renié de cœur, dit Hermas, je ne sais s’il peut

  1. Comparez Vis. ii, 2 ; iii, 2 ; Mand. iv, 1, 3 ; v, 4 ; viii, xii, 3 ; Sim. ix, 26, à Tertullien, De pudicitia, 10, 20.
  2. Vis. ii, 2 ; Mand. iv, 2, 3.
  3. Simil. viii, 6 ; ix, 19, 26.
  4. Comp. Vis, ii, 2, et Simil., vii.