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Un ascétisme touchant remplit la vie entière du chrétien. Le souci des affaires empêche de servir Dieu[1] ; il faut s’en éloigner. Le jeûne est recommandé ; or le jeûne consiste à se retirer dès le matin dans la retraite, à purifier sa pensée des souvenirs du monde, à ne manger tout le jour que du pain et de l’eau, à supputer ce qu’on eût dépensé et à le donner aux veuves, aux orphelins, qui prieront pour vous[2]. La pénitence est nécessaire même aux justes, pour leurs fautes vénielles. Des anges sévères sont chargés de les surveiller, de les punir, non-seulement pour leurs péchés, mais encore pour ceux de leur famille. Tous les mécomptes de la vie étaient tenus pour des châtiments infligés par ces anges ou « pasteurs pénitenciers[3] ». Le pénitent doit s’affliger volontairement, s’humilier, chercher les adversités et les peines, ou du moins accepter celles qui lui surviennent comme des expiations[4]. Il semblerait d’après cela que la pénitence s’impose à Dieu, lui force la main. Non, la pénitence est un don de Dieu. Ceux que Dieu prévoit

  1. Simil. iv.
  2. Simil. v, 1-3. Cela s’appelait στατίων, statio, image tirée des exercices du soldat. Comp. Tertullien, De jej., 1.
  3. Ποιμὴν τιμωρητής, ἄγγελος τιμωρητής. Simil. vii.
  4. Sim. ix, 20.