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maintenant dans l’éclat d’une jeune fille merveilleusement parée. Un monstre effroyable (peut-être Néron) l’eût dévorée, sans le secours de l’ange Thégri, qui préside aux bêtes féroces[1]. Ce monstre est le présage d’une effroyable persécution qui va venir[2]. On traversera des angoisses auxquelles il n’y aura moyen d’échapper que par la pureté du cœur. Le monde périra dans le feu et dans le sang[3].

Ce n’est là qu’une mise en scène, en quelque sorte préliminaire. La partie essentielle du livre commence avec l’apparition d’un personnage vénérable, en costume de berger, vêtu d’une peau de bête blanche, avec une panetière suspendue à ses épaules et une houlette à la main. C’est l’ange gardien d’Hermas, costumé en ange de la pénitence, qui est envoyé par l’Ange vénérable, pour être son compagnon tout le reste de sa vie[4]. Ce « pasteur », qui désor-

  1. Cf. Talm. de Bab., Cholin, 59 b. Cf. Recogn., I, 45.
  2. Θλῖψις, mot habituel pour désigner la persécution de l’an 68.
  3. Δεῖ τὸν κόσμον τοῦτον δι’ αἵματος καὶ πυρὸς ἀπόλλυσθαι. Vis. iv, 3.
  4. Mand., proœm. Cf. Sim. v, 2, 4, 5, 6 ; vii ; viii, 1, 2, 3 ; ix, 1, 6, 12 ; x, 1, 4 ; Mand., v, 1. « L’Ange vénérable » est peut-être Michel, à qui le soin de tous les fidèles est confié (cf. Sim. viii, 3 ; Ascension d’Isaïe, ix, 23), ou peut-être un second Christ, conformément aux rêveries des elkasaïtes (Philos., X, 20, 29), ou bien le grand archange des ébionites (cf. Sim. ix, 12, et ci-après p. 417 et suiv.). La christologie d’Hermas est extrêmement confuse. Le fils de Dieu, le Saint-