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les angoisses, la croix, les bêtes). Hermas voit alors les six jeunes hommes bâtir une tour carrée, émergeant du sein des eaux. Des milliers d’hommes les servaient et leur apportaient les pierres. Parmi ces pierres, les unes étaient tirées du fond de l’eau toutes taillées ; c’étaient les plus parfaites, elles se joignaient si bien, que la tour paraissait monolithe. Parmi les autres, les jeunes hommes faisaient un choix ; autour de la tour était un tas de matériaux rebutés, soit parce qu’ils avaient des défauts, soit parce qu’ils n’avaient pas la coupe voulue.


« La tour, dit la vieille, c’est l’Église, c’est moi, qui t’ai apparu et qui t’apparaîtrai encore… Les six jeunes hommes sont les anges, créés les premiers, auxquels le Seigneur a confié le soin de développer et de gouverner la création ; ceux qui apportent les pierres sont des anges inférieurs. Les belles pierres blanches qui s’appareillent bien sont les apôtres, les évêques, les docteurs, les diacres, vivants ou morts, qui ont été chastes et qui ont vécu en bonne intelligence avec les fidèles. Les pierres qu’on tire du fond de l’eau représentent ceux qui ont souffert la mort pour le nom du Seigneur. Celles que l’on rejette et qui restent près de la tour figurent ceux qui ont péché et qui veulent faire pénitence. S’ils la font tandis que l’on bâtit, ils pourront être employés dans le bâtiment ; mais, quand le bâtiment sera une fois achevé, ils ne trouveront plus d’emploi. Les pierres que l’on casse et que l’on rejette sont les méchants, il n’y a pas de place pour eux. Celles qui sont