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vieille de qui tu as reçu le livre ? — La Sibylle peut-être, dit Hermas, préoccupé du voisinage de Cumes. — Non, c’est l’Église. — Pourquoi donc est-elle vieille ? — Parce qu’elle a été créée la première et que le monde a été fait pour elle[1]. » La vieille enjoint à Hermas de remettre deux exemplaires du livre, l’un à Clément, l’autre à la diaconesse Grapté. « Clément, dit-elle, adressera le livre aux villes du dehors, car c’est là sa fonction. Grapté avertira les veuves et les orphelins, et, toi, tu le liras dans la ville aux anciens qui président l’Église[2]. » Ce petit livre est naturellement l’ouvrage du prétendu Hermas ; l’origine céleste en est ainsi attestée.

La troisième vision est plus mystérieuse. La vieille apparaît encore à Hermas, après des jeûnes et des prières. Ils se donnent un rendez-vous à la campagne ; Hermas arrive le premier ; à son grand étonnement, il se trouve devant un banc d’ivoire ; sur le banc est posé un oreiller de lin, recouvert d’une gaze très-fine. Il se met à prier et à confesser ses péchés. La vieille arrive avec six jeunes gens. Elle fait asseoir Hermas à gauche (la droite est réservée à ceux qui ont souffert pour Dieu le fouet, la prison,

  1. Se rappeler l’éon Ecclesia de Valentin. Comp. II Clem., 14.
  2. Vis. ii, 2, 4. Cf. iii, 8, 9 ; iv, 3 ; Mand., proœm. ; Sim. x, 4.