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suis, lui répondit Hermas, sous le coup des reproches d’une femme très-vertueuse, qui me dit que j’ai péché envers elle. — Ah fi ! me dit-elle, que cela serait mal de la part d’un serviteur de Dieu, d’un homme respectable et déjà éprouvé, du chaste, simple et innocent Hermas ! Peut-être, en effet, est-il monté quelque sentiment dans ton cœur à son sujet. Mais ce n’est pas à cause de cela que Dieu est irrité contre toi… » Le bon Hermas respire quand la vieille femme lui apprend que la vraie cause de la colère de Dieu est sa faiblesse comme père de famille. Il ne tient pas sa femme et ses enfants avec assez de sévérité, il ne les prêche pas assez ; ce sont eux qui sont la cause de la ruine de ses affaires temporelles. La vieille lit ensuite dans le livre des mots terribles, dont Hermas ne se souvient pas, et finit par de bonnes paroles, qui sont à sa portée.

L’année suivante, à pareille époque de l’année, se rendant à sa campagne de Cumes, Hermas revit la même vieille, marchant et lisant un petit livre. La vieille lui explique l’objet du livre, qui est d’exhorter tout le monde à la pénitence, car les temps sont proches et la persécution[1] va venir. Un beau jeune homme apparaît : « Qui, crois-tu, est cette

  1. Θλῖψις.