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Comme toutes les apocalypses, elle entretenait les fidèles des terreurs et des calamités futures ; comme le Pasteur, dont nous parlerons bientôt, elle insistait sur la punition des différents péchés ; comme l’Apocalypse d’Esdras, elle traitait, ce semble, de l’état des âmes après la mort. Une idée particulière de l’auteur, c’est que les avortons sont confiés à un ange gardien[1], qui se charge de leur éducation religieuse et de leur développement. Ils souffrent la quote-part de souffrances qu’ils auraient soufferte s’ils avaient vécu, et sont sauvés. Le lait que les femmes laissent se perdre et se coaguler, se change en petits animalcules qui les dévorent ensuite[2]. Dès l’origine, les bizarreries du livre provoquèrent une forte opposition, et beaucoup ne voulaient pas qu’on le lût en public. Cette opposition ne fit que croître avec le temps. Les sombres images qu’on y trouvait le firent cependant conserver, dans quelques Églises,

    Conv., ii, p. 680, 2e col, (Bibl. max. Patr., Lugd., III) ; Macarius Magnès, p. 164 et 185 ; saint Jérôme, De viris ill., 1 ; Anastase le Sinaïte, dans Credner, Gesch., p. 241, Stich. de Nicéphore, dans Credner, p. 243. Fragments dans Théodote et dans Macarius Magnès, l. c., et peut-être dans saint Hippolyte, De Christo et Antichr., c. 15, 54, 65.

  1. Ἀγγέλῳ τημελούχῳ. Cf. Hermas, ci-après, p. 410, et Apocalypse de saint Paul, dans Tischendorf, Apocalypses apocr., p. 46, 58.
  2. Théodote, l. c.