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Avec une telle idée de la raison, il était naturel d’admettre la philosophie comme un élément dans la composition des dogmes chrétiens. Les traces de philosophie grecque sont faibles encore dans saint Paul et dans les écrits pseudo-johanniques. Dans la gnose, au contraire, chez Marcion, chez l’auteur du roman pseudo-clémentin, chez Justin, la philosophie grecque coule à pleins bords. On trouvait tout naturel de mêler à la théorie du Logos juif des idées du même genre qu’on croyait rencontrer dans Platon ou même dans le stoïcisme[1]. Loin de renoncer à la raison, on prétendait se donner à elle sans partage. On tenait la saine philosophie pour l’alliée la plus sûre du christianisme ; les grands hommes du passé étaient considérés comme des disciples anticipés du Christ, qui était venu non renverser, mais au contraire épurer, compléter, achever leur œuvre. On admirait Socrate, Platon[2] ; on était fier du courage des grands contemporains, tels que Musonius[3]. On disait avec un juste et large sentiment de la vérité : « Tout ce qui a été pensé ou senti de

  1. Apol. I, 12, 13, 21, 32, 46, 63 ; Apol. II, 6, 8, 13 ; Dial., 46, 48, 56, 61, 62, 105, 128, 184.
  2. Voir l’index d’Otto, aux mots Socrate, Platon, Pythagore, Stoïciens, etc.
  3. Apol. II, 8, 40.