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qu’on leur fasse raisonnablement leur part ; elles veulent être tout. Se voir traitée comme une secte entre tant d’autres est pour la religion qui se croit la seule vraie une souveraine injure ; on aime mieux être hors la loi, persécuté ; cette situation violente paraît une marque de divinité. La persécution plaît aux croyants ; car, dans ce fait que les hommes les détestent, ils trouvent une marque de leur prérogative, la méchanceté des hommes, selon eux, étant naturellement ennemie de la vérité.

Rien ne prouve qu’Adrien, voulant relever Jérusalem, ait consulté les juifs ou cherché à se mettre d’accord avec eux[1]. Rien ne porte à croire non plus qu’il ait eu des rapports avec les chrétiens de Palestine, qui extérieurement se distinguaient moins des juifs que les chrétiens des autres pays. Aux yeux des chrétiens, toutes les prophéties de Jésus auraient paru renversées si le temple eût été rebâti[2]. Chez

  1. L’autorité Bereschith rabba, c. 64, est bien faible. Cf. Épiphane, De mensuris, 14, οὐ μὴν τὸ ἱερόν.
  2. Épître de Barnabé, c. 16 (édit. de Gebhardt et Harnack, ou 2e édit. de Hilgenfeld). Je lis, avec Hilgenfeld, νῦν καὶ αὐτοὶ οἱ τῶν ἐχθρῶν ὑπηρέται, entendant par là les chrétiens. C’est à tort qu’on a voulu conclure de ce passage que les juifs commencèrent à rebâtir le temple. Il s’agit là seulement de la reconstruction spirituelle du temple, comme l’auteur l’explique : πῶς οὖν οἰκοδομηθήσεται, etc. Voir les Évangiles, p. 375.