Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/399

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour que votre pays fût rendu désert, que vos villes fussent livrées aux flammes, que des étrangers mangent vos fruits en votre présence, et que personne d’entre vous ne puisse monter à Jérusalem[1] » Cette prétendue marque d’honneur est ainsi devenue pour les juifs un fléau, un caractère visible qui les désigne au châtiment. La loi et les prescriptions mosaïques n’ont été instituées qu’à cause des iniquités et de la dureté de cœur du peuple[2]. Le sabbat et les sacrifices n’ont pas eu d’autre cause[3]. L’impossibilité qu’il y avait pour un juif, tenant à ses vieilles Écritures, d’admettre que Dieu ait pu naître et se faire homme n’est pas même comprise de Justin[4]. Tarphon eût été vraiment de bonne composition, si, après une pareille controverse, il eût quitté son adversaire en avouant, comme le prétend Justin, qu’il avait beaucoup profité à son entretien[5].

Les conversions, du reste, devenaient de plus en plus rares[6]. Les partis étaient pris[7] Le moment où

  1. Dial., 16, 19, 46. Cf. Tertullien, Adv. Jud., 3.
  2. Ibid., 18 et suiv.
  3. Ibid., 21, 22.
  4. Ibid., 63, 68, etc.
  5. Ibid., 142.
  6. Voir cependant Eusèbe, H. E., III, xxv, 5, et le curieux récit d’Épiphane, hær. xxx.
  7. Cf. Kohéleth rabba, ch. i.