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Les deux titres de Pius et de Philosophas obligent ceux qui les portent à n’aimer que le vrai et à renoncer aux opinions anciennes, s’ils les trouvent mauvaises. Les chrétiens sont victimes d’un préjugé invétéré, de calomnies mises en circulation par la ligue de toutes les superstitions réunies[1]. Il faut les punir, si on les trouve coupables de crimes ordinaires, mais ne pas s’en tenir à des rumeurs malveillantes. Un nom par lui-même n’est pas un délit ; il ne devient tel que par les actes qui s’y rattachent[2]. Or on punit les chrétiens pour le nom qu’ils portent, nom qui n’implique que des idées honnêtes[3]. Celui qui, poursuivi, déclare n’être pas chrétien, est absous sans enquête ; celui qui déclare l’être est supplicié. Quoi de plus inconséquent ? Il faudrait scruter la vie du confesseur et celle du renégat pour voir ce qu’ils ont fait de bien ou de mal.

La cause de la haine contre les chrétiens est

  1. Δεισιδαίμονες.
  2. La question se posait, on le voit, dans les mêmes termes que du temps de Pline et de Trajan. V. les Évangiles, ch. xxi, Comp. Apol. II, 2 ; Athénagore, init. ; Lettre des Égl. de L. et V., dans Eus., V, i, 33 ; Lettre apocr. de Marc-Aurèle, p. 102 B.
  3. Jeu par iotacisme sur χρηστοί. Cf. le Philopatris, 23, peut-être Suétone (Claude, 25) et les inscriptions d’Asie Mineure (saint Paul, p. 363 ; voir aussi Arch. des miss. scient., iiie série, t. III, p. 136). Cf. Clém. d’Alex., Strom., II, ch. 4 ; Tert., Ad nat., I, 3 ; Lact., Inst. div., IV, 7.