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s’écrièrent : « Aquiba, tu nous as consolés ! Aquiba, tu nous as consolés[1] ! »

Ces ruines inspirèrent à Adrien la pensée que lui inspiraient toutes les ruines, le désir de relever la ville détruite, de la coloniser, de lui donner son nom ou celui de sa famille. La Judée serait ainsi rendue à la culture[2]. Jérusalem, élevée au rang de place forte entre les mains des Romains, devait servir à tenir en échec les populations juives[3]. Toutes les villes de Syrie, d’ailleurs, Gérase, Damas, Gaza, Pétra, se rebâtissaient à la romaine, inauguraient des ères nouvelles ou prenaient le nom du dieu voyageur[4]. Jéru-

  1. Talm. de Bab., Maccoth, 24 b ; Midrasch rabba sur Lament., v, 18 (fol. 81 c).
  2. C’est la signification des bœufs attelés qui figurent sur la monnaie de fondation (Madden, Jew. coin., p. 212-213 ; de Saulcy, pl. xv, no 5). C’est bien à tort qu’on a vu là l’aratum templum de saint Jérôme, In Zach., viii (III, 1754, Mart.), et de Mischna, Taanith, iv, 7 ; Talm. de Jér., Taanith, iv, 8, fol. 69 b ; cf. Michée, iii, 12. Voir Vaillant, De num. ær. col., I, p. 155, 224. Peut-être l’enceinte de la colonie fut-elle tracée par un sillon.
  3. Dion Cassius, LXIX, 12 ; Chron. Alex., à l’année 119 ; Épiphane, De mens., 14-15. Eusèbe (H. E., IV, vi, 4) et saint Jérôme (Chron., aux années 7 et 20 d’Adr. ; Epist. xxvii et cxxix) placent la construction d’Ælia après la guerre ; mais le récit de Dion, de la Chronique d’Alexandrie, d’Épiphane, doit être préféré. La monnaie de fondation d’Ælia (Madden, p. 212) ne porte pas P. P. Elle est donc antérieure à 129.
  4. Corp. inscr. gr., 4667 ; monnaies de Gérasa, de Damas, de Pétra, de Gaza.