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était, selon les marcionites, la libération suprême du chrétien, la plus belle forme de la délivrance de la vie, de cette vie qui est un mal. Les corps ne ressuscitent pas ; seules les âmes des vrais chrétiens sont ramenées à l’existence. Les âmes, du reste, ne sont point égales, et n’arrivent à la perfection que par une série de transmigrations.

La doctrine des épîtres aux Colossiens et aux Éphésiens, celle du quatrième Évangile étaient, on le voit, bien dépassées. Tout ce qu’il y avait de juif dans l’Église devenait une scorie qu’il fallait éliminer. Marcion considérait le christianisme comme une religion entièrement nouvelle et sans précédents. En cela, il était disciple de Paul, et disciple exagéré. Paul croyait que Jésus avait aboli le judaïsme ; mais il ne méconnaissait pas le caractère divin de l’ancienne loi. Marcion, au contraire, prétendait que la première apparition de Dieu dans l’histoire ne s’était faite que par Jésus. La loi de Moïse était l’œuvre d’un démiurge particulier (Jéhovah), que les juifs adoraient, et qui, pour les retenir dans les chaînes de la théocratie, leur donna des prêtres, chercha à les retenir par des promesses et des menaces. Cette


    xvi, 21 ; Clém. d’Alex., Strom., IV, 4 ; Tertullien, Contre Marcion, I, 14 ; Eusèbe, H. E., IV, xv, 47 ; VII, xii ; De martyribus Palastinæ, 10.