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qui avait déjà donné aux luttes religieuses du temps les deux Aquila, et qui allait donner Théodotion[1]. Il était fils de l’évêque de cette ville, et paraît avoir exercé la profession d’homme de mer[2]. Quoique né chrétien, il avait sérieusement examiné sa foi et s’était livré à l’étude de la philosophie grecque, surtout du stoïcisme. Il y joignait un extérieur ascétique et une grande austérité[3]. Son père, à ce que l’on prétend, fut obligé de le chasser de son église, à cause des dangers qu’il faisait courir à l’orthodoxie de ses fidèles.

Nous avons déjà remarqué plusieurs fois l’espèce d’attraction qui fit venir à Rome, sous le pontificat d’Hygin et dans les premières années de Pius, tous ceux que séduisaient les lueurs phosphorescentes du gnosticisme naissant. Marcion arriva dans la ville éternelle au moment où Cerdon ébranlait les croyants les plus sincères par sa brillante métaphysique[4]. Marcion, comme tous les sectaires, se montra d’abord zélé catholique. L’Église de Rome avait une telle

  1. Épiphane, De mensuris, 17.
  2. Rhodon, dans Eus., H. E., V, xiii, 3 ; Tert., Præscr., 30.
  3. Epiphane, xlii, 1. Sanctissimus magister de Tertullien (l. c.) est ironique.
  4. Sur la date, v. Lipsius, Die Quellen der ælt. Ketzergesch., p. 225 et suiv. Notez surtout Clém. d’Alex., Strom., VII, 17, avec les discussions auxquelles ce passage a donné lieu. Orose, VII, 14 ; Tertullien, Adv. Marc., I, 2.