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pas[1] » Les gens d’esprit se moquaient également des sibylles païennes et chrétiennes et les parodiaient avec esprit[2], si bien qu’Origène, par exemple, ne se sert jamais de ces arguments dépréciés.

On joignait à ces oracles ceux d’un certain Hystaspe, sous le nom duquel couraient chez les païens de prétendus livres sur les mystères de la Chaldée[3]. On lui faisait annoncer le Christ, les catastrophes apocalyptiques, la fin du monde par le feu, avec une assurance qui supposait chez ceux à qui l’on s’adressait une extrême crédulité[4].

Vers le même temps, purent être fabriquées les pièces supposées officielles de l’administration de Ponce Pilate, relatives à Jésus. C’était une grande force, dans la controverse avec les païens et avec les juifs, que de pouvoir faire appel à de prétendus rapports contenus dans les archives de l’État. Telle fut l’origine de ces Actes de Pilate[5], qu’allèguent

  1. Origène, Contre Celse, V, 61 ; VII, 53, 56.
  2. Lucien, Peregr., 29, 30 ; Alex., 11.
  3. Ammien Marcellin, XXIII, vi, 32.
  4. Cérygme de Pierre, l. c. ; Justin, Apol. I, 20, 44 ; Lactance, Instit. div., VII, 15, 18.
  5. Nous possédons probablement cette pièce dans les Gesta Pilati qui forment la première partie de l’Évangile de Nicodème. On y retrouve, en effet, assez bien (préf. et ch. 1, 10, 11) les citations de Justin, de Tertullien, d’Épiphane. La christologie de ces