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Le désir de trouver des arguments que les païens ne pussent récuser[1] produisit quelques fraudes pieuses, dont le succès fut rapide dans le monde peu difficile qu’il s’agissait de frapper. La sibylle monothéiste d’Alexandrie, qui depuis des siècles ne cessait d’annoncer la ruine de l’idolâtrie, se faisait de plus en plus chrétienne[2]. L’autorité qu’on lui accordait était de premier ordre. Sans cesse les anciennes collections sibyllines se grossissaient d’additions, où l’on ne se donnait aucune peine pour sauver la vraisemblance. Les païens s’indignaient de ce qu’ils considéraient comme des interpolations de vieux livres respectables. Les chrétiens leur répondaient avec plus de malice que de justesse : « Montrez-nous de vieux exemplaires où ces passages ne se trouvent


    Bonn ; Gesta Pilati A, ch. 7, dans quelques mss. ; Nicéphore, Antirrhet., p. 472 (Pitra) ; Jean Damascène, Opp., I, p. 368, Lequien. Sur la confusion de Bérénice et de Prunice, voyez ci-dessus, p. 172, note ; voir aussi Garrucci, Storia dell' arte crist., t. III, p. 9 (dichiar. delle tav., t. ii).

  1. La foi en la Sibylle était universelle, Spartien, Adrien, 2.
  2. Pasteur d’Hermas, Vis. ii, 4 ; Cérygme de Pierre, dans Clém. d’Alex., Strom., VI, 5 ; Justin, Apol. I, 20, 44 ; Clément d’Alexandrie, Tertullien, Lactance, fréquentes citations ; Pseudo-Justin, Cohort. ad Græc., 16, 37, 38 ; Tatien, 41 ; Athénagore, 30 ; Méliton, De veritate, Cur., p. 43, ; Quest. et resp. ad orthod., 74, à la suite de Justin ; Celse, dans Orig., Contre Celse, V, 61 ; VII, 53, 56 ; Théoph,., ad Autol., II, 3, 9, 31, 36, 38. Chez les gnostiques. Philos., V, 16.