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La fusion qui s’opérait entre les groupes s’opérait entre leurs écrits. On faisait l’échange des livres d’un bord à l’autre. Les écrits passaient de l’école judéo-chrétienne à l’école de Paul avec de légères modifications. Ce Cérygme de Pierre, si blessant dans sa première forme pour les disciples de Paul, devint le Cérygme de Pierre et Paul[1]. Pierre et Paul furent censés avoir voyagé de compagnie, navigué de conserve, prêché partout l’Évangile en parfaite concorde. L’Église de Corinthe, notamment, prétendit avoir été fondée à la fois par Pierre et par Paul[2]. Un assez gros embarras était ce personnage de Simon le Magicien, qui, dans les premières rédactions ébionites du Cérygme et des Périodes de Pierre, était Paul lui-même, désigné par un sobriquet injurieux. On conserva le nom de Simon dans le Cérygme de Pierre et Paul, en le ramenant à son sens propre. Comme le symbolisme du pamphlet ébionite n’était pas évident, Simon fut désormais le commun adversaire que Pierre

  1. Le livre est perdu. M. Hilgenfeld (Nov. test. extra Can. rec., IV, p. 52 et suiv.) a recueilli les mentions qui en sont faites par Clément d’Alexandrie, Origène, l’auteur du Sermon sur la réitération du baptême, Lactance, Grégoire de Nazianze, Jean Damascène, Œcumenius. Héracléon, Apollonius, l’auteur de l’épître à Diognète, Denys de Corinthe s’en servent déjà. C’est probablement de ce Cérygme que parlent Eusèbe, H. E., III, iii, 2, et saint Jérôme, De viris ill., 1.
  2. Denys de Corinthe, dans Eus., H. E., II, xxv, 8.