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uns, en effet, de ceux qui sont d’origine païenne ont repoussé ma prédication, conforme à la Loi, et se sont attachés à l’enseignement, contraire à la Loi et frivole, de l’Homme ennemi[1]. De mon vivant, des gens ont osé essayer, par diverses interprétations, de fausser mes paroles dans le sens de la destruction de la Loi. À les entendre, ce serait là ma pensée, mais je n’aurais pas la franchise de le déclarer[2]. À Dieu ne plaise ! ce serait blasphémer la loi de Dieu proclamée par Moïse, et dont Notre-Seigneur a attesté la durée éternelle en disant : « Le ciel et la terre passeront ; mais pas un iota, pas un trait de la Loi ne passera. » Voilà la vérité ; mais il y a des gens qui se croient autorisés, je ne sais comment, à exposer ma pensée, et qui prétendent interpréter les discours qu’ils ont entendus de moi plus pertinemment que moi-même. Ils s’en vont présentant à leurs catéchumènes comme mon opinion vraie des choses auxquelles je n’ai jamais songé. Si de mon vivant de tels mensonges se produisent, que n’osera-t-on pas faire après ma mort ?


Jacques décide, en effet, qu’on ne communiquera le livre des Cérygmes qu’aux hommes mûrs et circoncis, aspirant au titre de docteur, qui auront été éprouvés au moins six ans. L’initiation se fera peu à peu, pour que, si les résultats d’une première expérience sont mauvais, on puisse s’arrêter.

  1. Τινὲς γὰρ τῶν ἀπὸ ἐθνῶν τὸ δι’ ἐμοῦ νόμιμον ἀπεδοκίμασαν κήρυγμα, τοῦ ἐχθροῦ ἀνθρώπου ἄνομόν τινα καὶ φλυαρώδη προσηκάμενοι διδασκαλίαν. Epist. Petri ad Jac., 2.
  2. Allusion à l’affaire d’Antioche. Voir Saint Paul, p. 295 et suiv.