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les esséens et les elkasaïtes d’Orient, ceux de Rome tenaient à posséder une littérature secrète, réservée aux initiés. On employait les fraudes les plus grossières pour donner à ces produits tardifs de l’inspiration chrétienne une autorité qu’ils ne méritaient pas.

La rédaction la plus ancienne des Cérygmes de Pierre s’est perdue. Nous ne possédons que deux pièces, qui formaient en quelque sorte l’introduction de l’ouvrage[1]. La première est une lettre par laquelle Pierre adresse à Jacques, « maître et évêque de la sainte Église », le livre de ses Cérygmes, et le prie de ne le communiquer à aucun païen, ni même à aucun juif sans épreuve préalable. Il faut, dit Pierre, imiter l’admirable politique des juifs, qui, malgré les diversités d’interprétation auxquelles donne lieu l’Écriture, ont su garder l’unité de la foi et de l’espérance. Le livre des Cérygmes, mis indiscrètement en circulation, engendrerait des schismes. Pierre ajoute :


Ce n’est pas comme prophète que je sais cela, mais parce que je vois déjà le commencement du mal. Quelques-

    Homélies et les Recognitiones sont un remaniement des Cérygmes et des Periodi primitifs.

  1. Ces deux pièces ont été conservées en tête du roman des Reconnaissances, écrit postérieurement (voir notre livre VII). Photius (cod, cxii-cxiii) a déjà bien vu qu’elles ne font pas partie de l’écrit pseudo-clémentin.