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position qui forma en quelque sorte la suite du Cérygme et des Périodes[1]. Ces récits de voyages apostoliques, pleins de charme pour l’imagination chrétienne, donnèrent naissance à de nombreuses compositions, qui tournèrent de bonne heure au roman. On entremêlait le récit de sermons pieux ; on faisait de Pierre le prédicateur de toutes les bonnes doctrines ; la peinture de l’amour chaste venait vivifier et réchauffer le tableau ; le roman chrétien était créé ; aucune machine essentielle n’y a été ajoutée depuis.

Toute cette première littérature de Cérygmes, de Périodes, fut l’œuvre de sectaires ébionites, esséens et elkasaïtes[2]. Pierre, présenté comme le véritable apôtre des gentils, en était toujours le héros ; Jacques y apparaissait comme le président invisible d’un cénacle rempli de l’esprit divin, séant à Jérusalem[3]. L’animosité contre Paul y était sensible[4]. Comme

  1. Pseudo-Abdias I, 6 ; Pseudo-Marcel, dans Fabr., Codex apocr., p. 632 et suiv. Cf. Eusèbe, H. E., II, 1 et 13 ; III, 3 ; Constit. apost., VI, 7-9 ; Photius, cod. cxii-cxiii.
  2. Épiph., xxx, 15.
  3. Il ne faut tirer de là aucune conséquence pour la date de ces livres. Même après Adrien, et quand l’Église judéo-chrétienne de Jérusalem n’exista plus, on put présenter un tel tableau comme un idéal qui avait été réalisé dans l’âge apostolique.
  4. Voir surtout Épître de Pierre à Jacques, en tête des Homélies pseudo-clém., ch. 2. Cf. Recogn., I, 70, 71, 73 ; IV, 35 ; Homél. xi, 35. On montrera, au livre VII de cet ouvrage, que les