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comme la grande gloire de Pierre ; ce fut par là que ce dernier prit réellement possession de la ville éternelle. D’après la légende, sa mort suivit de près sa victoire ; Néron, irrité de la mésaventure de son jongleur de prédilection, fit subir à l’apôtre le dernier supplice.

Telle est la légende qui, sortie vers l’an 125 des passions et des rancunes de la partie juive de l’Église de Rome, s’adoucit peu à peu et produisit, vers la fin du règne d’Adrien, l’ouvrage, en dix livres, intitulé « la Prédication de Pierre[1] » ou « les Voyages de Pierre ». On était arrivé, pour la rédaction, à couper la légende en trois parties. La « Prédication » contenait le récit de l’apostolat de Pierre en Judée[2] ; les Periodi comprenaient les voyages de Pierre et ses controverses en Syrie et en Phénicie contre Simon[3]. Le séjour à Rome et les luttes devant l’empereur étaient le sujet des « Actes » de Pierre, autre com-

  1. Κήρυγμα Πέτρου et Πέτρου περίοδοι. Cf. Lettre de Clément à Jacques, en tête des Homélies et des Recogn., § 20 ; lettre de Pierre à Jacques et la Contestatio (en tête des Homélies). Comp. Recogn., I, 17 ; III, 74, 75 ; V, 36 ; Homélies, i, 20.
  2. Le Cérygme répondait aux trois premiers livres des Récognitions.
  3. Comp. Recogn., IV, init. et la suite. L’histoire des dernières transformations des deux premières parties de la légende de Pierre et la façon dont elles ont pris la forme d’un roman, attribué à Clément, seront exposées dans notre livre VII.