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monie du baptême. Le néophyte, présenté au bord d’une rivière ou d’un bassin d’eau courante, prenait à témoin le ciel, la terre, l’eau et l’air de son ferme propos de ne plus pécher[1]. Pierre et Jacques étaient, pour ces sectaires originaires de Judée, les deux angles de l’Église de Jésus. Rome, nous l’avons souvent remarqué, fut toujours le foyer principal du judéo-christianisme. L’esprit nouveau, représenté par l’école de Paul, y était refréné par un esprit hautement conservateur. Malgré les efforts des hommes conciliants, l’apôtre des gentils avait ici encore des adversaires obstinés. Pierre et Paul se livraient leur dernière bataille, avant de se réconcilier définitivement au sein de l’Église universelle pour l’éternité.

La vie des deux apôtres commençait à devenir fort ignorée. Il y avait environ soixante-dix-sept ans qu’ils étaient morts ; tous ceux qui les avaient vus avaient disparu, la plupart sans laisser d’écrits. On avait la liberté entière de broder sur ce canevas vierge encore. Une vaste légende ébionite s’était formée à Rome et se fixa vers le temps où nous sommes arrivés. Les voyages et les prédications

  1. Contestatio Jacobi, 2, 4, en tête des Homélies pseudo-clém. Cf. Hom. xiv, 1, 3. Comp. Épiph., hérésie des ébionites, xxx, ch. 17 ; hérésie des ossènes, xix, ch. 1.