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été composés. La première épître attribuée à saint Pierre, l’Apocalypse de saint Jean, le morceau qu’on appelle Épître de Barnabé, l’épître de Clément Romain, lors même qu’elle ne serait pas de lui, les épîtres totalement ou partiellement apocryphes de saint Ignace et de Polycarpe, les poëmes sibyllins qui appartiennent au ier et au iie siècle, toutes les pièces originales qui nous ont été conservées par Eusèbe sur les origines du montanisme, les controverses des gnostiques et des montanistes sur le martyre, le Pasteur d’Hermas, les Apologies d’Aristide, de Quadratus, de saint Justin, de Tatien, d’Athénagore, révèlent à chaque page un état violent, qui pèse sur la pensée de l’écrivain, l’obsède en quelque sorte et ne lui laisse aucune appréciation juste de la situation.

De Néron à Commode, sauf de courts intervalles, on dirait que le chrétien vit en ayant toujours devant les yeux la perspective du supplice. Le martyre est la base de l’apologétique chrétienne. À entendre les controversistes du temps, il est le signe de la vérité du christianisme. L’Église orthodoxe seule a des martyrs[1] ; les sectes dissidentes, par exemple les montanistes, font d’ardents efforts pour prouver

  1. Origène, Contre Celse, II, 13.