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Moïse, tenant les bras étendus[1], et de Josué[2], sauveur du peuple.


Cesse enfin de te déchirer le cœur, ô fille de race divine, ô trésor, ô seule fleur aimable, lumière charmante, plante exquise, germe chéri[3], gracieuse et belle ville de Judée, toujours remplie du son des hymnes inspirés. Le pied impur des Grecs[4], au cœur plein de complots, ne foulera plus ton sol ; mais tu seras entourée des respects de tes illustres enfants, qui dresseront la table[5] aux accords des muses saintes, avec des sacrifices de tout genre et des prières pieuses. Alors les justes qui ont supporté les peines de l’angoisse trouveront plus de bonheur qu’ils n’ont souffert de maux. Ceux, au contraire, qui ont lancé leurs blasphèmes sacrilèges contre le ciel seront réduits à se taire et à se cacher, jusqu’à ce que la face du monde change. Une pluie de feu brûlant tombera des nuées ; les hommes ne cueilleront plus le doux épi de la terre ; plus de semailles, plus de labours, jusqu’à ce que les mortels reconnaissent le Dieu suprême, immortel, éternel, et qu’ils cessent d’honorer des choses mortelles, des chiens, des vautours, à qui l’Égypte a voulu qu’on offre l’hommage de bouches profanes et de lèvres insensées. La terre sacrée des seuls Hébreux[6] portera d’elle-même toutes les choses refusées

  1. Exode, xvii, 12.
  2. Dans la traduction des Septante, Josué est appelé Ἰησοῦς. Comp. Justin, Dial., 111, 113.
  3. Comparez l’Apocalypse d’Esdras. Les Évangiles, p. 353.
  4. C’est-à-dire des païens.
  5. La table eucharistique, remplaçant les sacrifices anciens.
  6. Comparez vers 327 et suiv. Cf. les Évangiles, p. 521.