Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.

été crucifié. Jésus semblait craindre ce grave malentendu ; un jour, étendant la main vers ses disciples, il avait dit avec une parfaite vérité : « Voilà ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de mon père qui est dans le ciel, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère[1]. »

L’ébionisme et le nazaréisme se continuèrent jusqu’au ve ou vie siècle[2], dans les parties reculées de la Syrie, surtout dans la contrée au delà du Jourdain, refuge de toutes les sectes[3], ainsi que du côté d’Alep[4] et dans l’île de Chypre[5]. Persécuté par les empereurs orthodoxes, il disparut dans la tourmente de l’islam. En un sens, on peut dire aussi qu’il se continua par l’islam. Oui, l’islamisme est à beaucoup d’égards la prolongation ou plutôt la revanche du nazaréisme. Le christianisme, tel que les Grecs polythéistes et métaphysiciens l’avaient fait, ne pouvait convenir aux Syriens et aux Arabes, lesquels tenaient à séparer profondément Dieu de l’homme et avaient besoin d’une plus grande sim-

  1. Matth., xii, 48-50.
  2. Épiphane, hær. xxix, xxx ; saint Jérôme, Epist ad August., loc. cit. ; In Is., i, 12 ; viii, 14 ; ix, 1 ; xxix, 20. Cf. Eusèbe, H. E., III, 27 ; saint Augustin, In Crescon., ch. 31.
  3. Waddington, Inscr. gr. de Syrie, no 2558.
  4. Épiph., hær. xxix, 7 ; saint Jérôme, De viris ill., 3.
  5. Épiph., hær. xxx, 18.