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Nul ne l’égalera en perfection ; il saura tout[1]. C’est sous ton règne, ô excellent, ô éminent, ô brillant souverain, et sous tes rejetons[2] que se passeront les choses que je vais dire. »

La sibylle, selon l’usage, déroule ensuite les tableaux les plus sombres ; tous les fléaux se déchaînent à la fois, les hommes deviennent absolument pervers. Ce sont les douleurs de l’enfantement messianique[3]. Néron, mort depuis plus de cinquante ans, est encore le cauchemar de l’auteur[4]. Ce dragon funeste, cet histrion, ce meurtrier de ses proches, cet assassin du peuple élu, cet allumeur de guerres sans fin, reviendra pour s’égaler à Dieu. Chez les Mèdes et les Perses, qui l’ont accueilli, il trame les plus noirs complots. Porté par les Parques à travers les airs, il arrivera bientôt pour être de nouveau le fléau de l’Occident. L’auteur vomit contre Rome une invective plus ardente encore[5] que celle par laquelle il a débuté :

  1. Καὶ πάντα νοήσει. Au l. VIII, v. 56, ceci est entendu de la magie. Cuncta de se scisse. Spartien, Ælius, 3.
  2. Vers 50. Ce vers et le suivant sont vagues à dessein. L’intervalle entre les adoptions d’Antonin, de Verus, de Marc-Aurèle, et la mort d’Adrien est beaucoup trop court pour qu’on y puisse placer la composition du poëme. Comp. Carm. sib., VIII, 50 et suiv.
  3. Vers 74. Ὑστατίῳ καιρῷ, ὅτε πάγκακοι ἄνδρες ἔσονται.
  4. Vers 28 et suiv., 137 et suiv., 215 et suiv., 410 et suiv.
  5. Livre V, vers 227 et suiv.