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lui la révélation juive quand il la connut, la façon dont les prophètes le conduisirent à Christ. Ce qui le frappa surtout, ce fut la vue des mœurs des chrétiens et le spectacle de leur indomptable fermeté[1]. Les autres formes du judaïsme qu’il avait autour de lui, en particulier la secte de Simon le Magicien, ne lui inspirèrent que du dégoût[2]. Le tour philosophique que prenait déjà le christianisme le séduisit. Il conserva le costume des philosophes[3], ce pallium qui n’était qu’un indice de vie austère, vouée à l’ascétisme, et que beaucoup de chrétiens aimèrent à porter[4]. Sa conversion ne fut pas à ses yeux une rupture avec la philosophie. Il aimait à répéter que ce n’était qu’à partir de ce jour qu’il avait commencé à être vraiment philosophe, qu’il n’avait fait qu’abandonner les écrits de Platon pour ceux des prophètes, et la philosophie profane pour une philosophie nouvelle, la seule sûre, la seule qui donne à ceux qui la professent le repos et la paix[5].

  1. Apol. II, 12.
  2. Apol. I, 26, 56 ; Apol. II, 15 (?) ; Dial, 120.
  3. Dial. 1. Cf. Tertull., In Val., c. 5 ; Eus., H. E., IV, 8, 11, 15 ; Saint Jérôme, De viris ill., 23 ; Théodoret, I, 2 ; saint Maxime, sur Denys l’Aréop., De div. nom., init. ; Pholius, cod. cxxv.
  4. Tertull., De pallio ; Eus., H. E., VI, ix, 6 ; De mart. Pal., c. 11. Cf. Épiph., xlvi, 1. Voir ci-dessus, p. 38-39.
  5. Dial., 8. Cf. Méliton, dans Eusèbe, IV, xxvi. 7 ; Ælius