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l’auteur à l’égard de son ancien peuple. Nephtali raconte qu’un jour il se vit en songe assis avec ses frères et son père au bord de la mer de Iabné ; là, ils aperçurent un navire voguant à l’aventure. Le navire était chargé de momies ; il n’avait ni équipage ni commandant, son nom était : La Nef de Jacob. La famille patriarcale y monte ; mais bientôt une tempête affreuse s’élève ; le père qui tenait les gouvernails disparaît comme un fantôme ; Joseph se sauve sur le mât ; les autres s’échappent sur dix planches, Lévi et Juda sur la même. Les naufragés sont dispersés de tous les côtés. Mais Lévi, revêtu d’un sac, prie le Seigneur ; la tempête s’apaise alors, la barque atteint la terre au milieu d’un calme profond ; les naufragés retrouvent leur père Jacob, et la joie est unanime[1].

La prétention de l’auteur des Testaments des douze patriarches avait été d’enrichir la liste des écrits contenus dans le Canon sacré ; son livre est du même ordre que le pseudo-Daniel, le pseudo-Esdras, le pseudo-Baruch, le pseudo-Hénoch. La réussite cependant ne fut pas la même. Par le ton déclamatoire et l’emphatique banalité, par une sévérité outrée contre les plaisirs de l’amour et contre le luxe des femmes[2],

  1. Nephtali, 6. Cf. Lévi, 17.
  2. Voir surtout Ruben, 3-6.