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fut pas unanime. L’auteur parut par trop naïf ; on trouva qu’il se livrait sur l’Écriture à des jeux qui touchaient au ridicule. Celse en fit des gorges chaudes. Origène ne le défend qu’avec embarras, avouant que c’est un des livres les moins considérables qui aient été faits pour la défense de la religion, et reconnaissant qu’il est plutôt propre à instruire les simples qu’à satisfaire les doctes[1]. Eusèbe et saint Jérôme le sacrifient tout à fait[2]. On négligea de le copier, et il se perdit.

Un autre livre assez médiocre[3], qui parut en Judée, nous a conservé l’écho de tous ces déchirements. L’auteur prit pour forme de son écrit des testaments ou plutôt des recommandations qu’il met dans la bouche des douze patriarches, fils de Jacob. La langue de l’original est ce grec semé d’hébraïsmes qui est la langue de la plupart des écrits du Nouveau Testament. Les citations sont faites d’après la version des Septante[4]. L’auteur était né juif ; mais il appar-

  1. Origène, Contre Celse, IV, 52.
  2. Eusèbe n’en parle pas. Saint Jérôme l’omet dans le Catalogue des écrivains ecclésiastiques, et ne le cite qu’indirectement, Quæst. hebr. in Gen., Opp. III, p. 305 ; In Gat., iii. Saint Maxime, au viie siècle, lisait encore l’ouvrage ; Photius, au ixe siècle, ne le connaît plus.
  3. Test. des douze patr., Nepht., 6. L’hypothèse d’un écrit juif, interpolé par un chrétien, nous paraît inadmissible.
  4. Ainsi δασύποδες, Aser, 2 ; ἀρχιμάγειρος, Jos., 2.