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Dieu ses antiques honneurs. Quant aux partis plus modérés, en particulier aux survivants, à demi chrétiens et esséniens, des catastrophes égyptiennes sous Trajan, Adrien ne leur fut pas d’abord désagréable. Ils purent s’imaginer qu’il avait ordonné la mort de Quietus pour le punir de ses cruautés envers les Juifs. Ils conçurent peut-être un moment l’espérance de voir l’éclectique empereur s’attacher à la résurrection d’Israël comme à un caprice entre tant d’autres. Un pieux alexandrin reprit, pour inculquer ces idées, la forme déjà consacrée par le succès. Il supposa qu’une sibylle, sœur d’Isis, avait eu la vision désordonnée des épreuves réservées aux derniers siècles[1].

  1. C’est le Ve livre des Vers sibyllins, en tête duquel on peut ajouter une partie au moins du § 3 du livre III, inséré à tort à cet endroit entre des pièces plus anciennes. V. Alexandre, Orac. sib., I, p. 117 et suiv. ; II, p. 355 et suiv. ; edit. alt., p. vi et suiv., xxviii-xxix, 96 et suiv. Notez, dans le § 3, le passage, vers 388-400, relatif, selon nous, à Vespasien, que l’auteur du livre V (vers 39) croit avoir été tué par Titus (comp. III, 398-400, à V, 39, et à IV Esdr., xi, 30 et suiv. ; xii, 23 et suiv.), les allusions aux guerres civiles (vers 410-413, 464-469), à Néron l’Antechrist (vers 470), à Babylone conquise par Rome [sous Trajan] (vers 384). Le style des deux morceaux est le même, et le livre V fait, après ledit § 3, une suite excellente et comme une seconde partie. Notez, de part et d’autre, la rage contre les destructeurs du temple (III, 302, 328-329 ; V, 36, 149-150, 159-160, 225-226, 397 et suiv., 407 et suiv.).