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brasser le judaïsme, on n’y pouvait songer ; le christianisme, au contraire, accueillait tout le monde. Durant ses trois mille ans d’histoire, Jérusalem n’a eu que ces deux cents ans, d’Adrien à Constantin, où la libre vie humaine se soit épanouie dans son sein. Les cultes idolâtres établis sur les ruines du culte juif adoptèrent complaisamment plus d’une pratique juive. La piscine Probatique continua d’être un lieu de guérison, même pour les païens, et de faire des miracles comme au temps des apôtres et de Jésus, au nom du grand Dieu impersonnel[1]. Les chrétiens, de leur côté, continuaient, sans exciter chez les bons vétérans qui formaient la colonie autre chose qu’une pieuse admiration, leurs cures merveilleuses au moyen de l’huile et des lotions sacrées[2]. Les traditions de cette Église de Jérusalem se distinguaient par un caractère spécial de superstition et de thaumaturgie grossière[3]. Les lieux saints, en particulier la caverne et la crèche de Bethléem,

  1. Pied votif de Pompéia Lucilia, trouvé à Béthesda (piscine Probatique), au Louvre (Salle judaïque, no 9), Journal de l’instr. publ., oct. 1868 ; Comptes rendus de l’Acad., 1868, p. 332-334 ; Compte rendu de la Société de numism., IV (1873), p. 1 et 2 ; Catalogue de M. Héron de Villefosse, p. 17-18.
  2. Épiphane, De mens., 15 ; Eusèbe, H. E., V, xii ; VI, ix, x, xi.
  3. Eusèbe, H. E., l. c.