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Les couleurs sous lesquelles les pharisiens sont représentés dans les Évangiles ont été un peu chargées ; les évangélistes paraissent écrire sous l’impression des ruptures violentes qui se produisirent entre les juifs et les chrétiens vers l’époque du siège de Titus. Dans les Actes des apôtres, dans tout ce que nous savons de l’Église de Jérusalem et du rôle de Jacques, frère du Seigneur, les pharisiens ont un rôle sensiblement différent de celui qu’ils jouent dans les discours que les synoptiques prêtent à Jésus. On ne peut néanmoins s’empêcher d’être décidément avec Hillel, avec Jésus, avec saint Paul, contre Schammaï, avec les agadistes contre les halakistes. C’est l’agada (la prédication populaire) et non la halaka (l’étude de la Loi) qui a conquis le monde. Certainement le judaïsme fermé, résistant, serré dans la double haie de la Loi et du Talmud, qui survit à la destruction du temple, est grand et imposant encore. Il a rendu à l’esprit humain un service de premier ordre ; il a sauvé de la destruction la Bible hébraïque, que probablement les chrétiens auraient laissée se perdre. Le judaïsme dispersé a donné au monde des hommes excellents, des caractères de la plus grande élévation morale et philosophique ; à diverses reprises, il a été pour la civilisation un précieux auxiliaire. Cependant ce n’est plus là le