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monies, les juifs du ier siècle[1] et les agadistes s’inspirant d’Isaïe et de Jérémie, cette grande concession que le précepte de la circoncision, par exemple, ne regarde que les descendants d’Abraham, tout cela fut oublié. Dès lors, la propagande se trouvait interdite, et le « seulement » de la loi d’Antonin[2] devenait superflu ; car il était évident que le monde grec et romain ne se résignerait pas à une vieille pratique africaine, hygiénique à l’origine, mais messéante en nos climats, et qui, pour les juifs eux-mêmes, n’était plus que gênante et dénuée de sens.

Les mœurs souffrirent un peu de tant d’atteintes portées à la nature. Sans renfermer aucun mauvais conseil, et même tout en insistant étrangement sur les précautions d’une pudeur timide[3], le Talmud parle trop souvent de sujets lubriques, il suppose chez ses rédacteurs une imagination assez excitée[4]. Au iiie, au ive siècle[5], les mœurs juives, surtout celles des patriarches et des docteurs, sont présentées

  1. Le marchand Ananie, Jos., Ant., XX, iv, 3.
  2. Voir ci-dessus, p. 241.
  3. Talm. de Bab., Berakoth, 61 a.
  4. Voir, par exemple, l’onirocritique de Talm. de Bab., Berakoth, 56 b.
  5. Voir Épiphane, hær. xxx, 4 et suiv. ; saint Jérôme, In Is., iii ; Jean Chrys., In Jud., hom. i, 2, en tenant compte de la partialité de ces écrivains.