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nous fastidieuses, ont paru et paraissent encore à des milliers d’hommes la plus attachante des applications de l’esprit humain.

À partir de ce moment, Israël a tous les défauts des hommes solitaires ; il est morose, malveillant. Jusque-là, l’esprit de Hillel n’avait pas complètement disparu ; quelques portes au moins de la synagogue avaient été ouvertes au converti. Maintenant on ne veut plus de prosélyte. Israël prétend avoir la loi vraie, la loi unique, et en même temps il prétend que cette loi n’est que pour lui. Celui qui cherche à s’agréger au peuple de Dieu est repoussé avec injure. Certes il était bien d’y mettre de la discrétion et d’avertir le néophyte des dangers et des inconvénients qui l’attendaient[1]. Mais on ne s’arrêta pas là : tout prosélyte fut bientôt envisagé comme un traître, comme un transfuge qui ne ferait que traverser le judaïsme pour passer aux chrétiens. On proclama que les prosélytes étaient une lèpre pour Israël[2], et que la défiance jusqu’à la vingt-quatrième génération était tout ce que méritaient ces importuns[3]. La sage distinction que faisaient, au point de vue des céré-

  1. Talm. de Bab., Jebamoth, 47 a ; Kidduschin, 70 b ; Masséket Gérim, init. (édit. Kirchheim).
  2. Talm. de Bab., Jebam., 47 b ; Kidduschin, 70 b.
  3. Ialkout Ruth, fol. 163 d.