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tivité qu’il y a déployée a été la même que s’il eût labouré un sol large et fécond ; or le résultat d’un travail opiniâtre, appliqué à une matière ingrate et sèche, c’est la subtilité. Vouloir tout trouver dans un texte, c’est s’obliger à des tours de force puérils. Quand on en a épuisé le sens naturel, on cherche les sens mystiques, puis on se met à compter les lettres, à les supputer comme des chiffres, etc. Les chimères de la Cabbale et du Notarikon ont été la dernière conséquence de cet esprit d’exactitude à outrance et de servile ponctualité. Il y avait, dans un pareil entassement de disputes sur la meilleure manière d’accomplir la Loi, la preuve d’une foi religieuse bien ardente. Qu’il nous soit permis de l’ajouter, il y avait aussi une sorte de jeu d’esprit, un amusement. Des hommes ingénieux et actifs, condamnés à une vie sédentaire, chassés des lieux publics et de la société générale du temps, demandaient aux combinaisons de la dialectique, appliquées à des textes légaux, une manière de tromper leur ennui. Même encore de nos jours, dans les pays où les israélites vivent exclusivement entre eux, le Talmud est, si on peut le dire, leur grand divertissement. Les réunions qu’ils forment pour en éclaircir les difficultés, pour discuter des cas obscurs ou imaginaires, leur semblent des parties de plaisir. Ces subtilités, selon