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style d’architecture qui leur fût propre. Les ministres du culte, avec leur rabat, leur tricorne et leur étole, ressemblent à des curés ; la prédication est calquée sur la chaire catholique ; les lampes, les fauteuils, tout le mobilier sont achetés au magasin même qui fournit la paroisse voisine[1]. Le chant et la musique n’ont rien qui remonte au delà du xve siècle. Même certaines parties du culte sont des imitations du culte catholique. L’originalité, l’antiquité éclatent tout à coup avec la profession de foi : « Écoute, Israël ; Adonaï, notre dieu, est unique ; saint est son nom. » Cette proclamation opiniâtre, ce cri persistant, qui a fini par l’emporter et convertir le monde, est tout le judaïsme. Ce peuple a fondé Dieu, et jamais peuple pourtant ne s’est moins occupé de disputer sur Dieu.

Un trait de grand sens, en effet, fut d’avoir choisi pour base de la communion religieuse la pratique et non les dogmes. Le chrétien tient au chrétien par une même croyance ; le juif tient au juif par les mêmes

  1. C’est pour cela qu’il n’y a pas d’archéologie juive. Au moyen âge, les juifs faisaient exécuter leurs ustensiles religieux par les orfèvres du pays qu’ils habitaient. Comptes rendus de l’Acad. des inscr., 1878, p. 174-175 ; Coll. de M. Strauss, p. viii, etc.; Mission de Phénicie, p. 786. Le costume que portent les juifs en certains pays, loin d’être national, a été presque toujours à l’origine une robe d’ignominie qui leur fut imposée, et à laquelle ils ont fini par s’attacher.