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fit aussi du néo-phénicien[1]. Autour de lui pullulaient les philosophes, les rhéteurs, les critiques. C’était Néron moins la folie. Une foule de vieilles civilisations disparues aspiraient à renaître, non effectivement, mais dans les écrits des archéologues et des historiens. C’est ainsi qu’on vit Herennius Philon, de Byblos, peut-être sous l’inspiration directe de l’empereur, tenter de retrouver la vieille Phénicie. Des fêtes nouvelles, des jeux hadrianiens, renouvelés des Grecs, rappelaient une dernière fois l’éclat de la vie hellénique ; c’était comme une renaissance universelle du monde antique, renaissance brillante, mais peu sincère, un peu théâtrale ; chaque pays, au sein de la grande patrie romaine, retrouvait ses titres de noblesse et s’y attachait. On songe, en étudiant ce singulier spectacle, à l’espèce de résurrection des morts dont notre siècle a été témoin, quand, dans un moment d’universelle bienveillance, il se mit à tout restaurer, à rebâtir les églises gothiques, à rétablir les pèlerinages tombés en désuétude, à remettre en vogue les fêtes, les usages anciens.

Adrien, plus grec que romain par la culture de l’esprit, favorisait ce mouvement éclectique et y con-

  1. Mission de Phénicie, p. 158, etc.