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qui avait été la source du martyre dans le monde, en laisse désormais le monopole aux chrétiens[1], si bien qu’on vit même, dans certaines persécutions, des chrétiens se faire passer pour juifs afin de jouir des immunités du judaïsme[2]. Le judaïsme n’eut de martyrs que pendant qu’il fut révolutionnaire ; dès qu’il renonça à la politique, il se calma tout à fait, et se contenta de cette tolérance, confinant à l’indépendance, qu’on lui accordait[3]. Le christianisme, au contraire, qui ne s’occupa jamais de politique, compta des martyrs jusqu’au moment où il devint triomphant et persécuteur à son tour.

Ce que fit le peuple juif durant ce long repos, ce fut le Talmud. Les anciens docteurs avaient enseigné la Loi sans aucun ordre logique, uniquement selon les cas qui se présentaient. Puis on avait suivi, dans l’enseignement, l’ordre des livres du Pentateuque[4]. Avec Rabbi Aquiba, une distribution nouvelle s’in-

  1. Justin, Dial., 39. Cf. Celse, dans Origène, Contre Celse, V, 25-41.
  2. Eusèbe, H. E., VI, xii, 1 ; Actes de saint Pione, § 13.
  3. Digeste, de Decurionibus, L, ii, 3 (loi de Septime Sévère, en tenant compte de Spart., Sév., 17) ; Philosophum., IX, 12 (fait de Calliste) ; Lampride, Alex. Sév., 22 (Judæis privilegia reservavit). Cf. Origène, Ad Afric., 14 ; De princ., IV, c. i ; Epiph., hær. xxx. Voir ci-dessus, p. 227.
  4. C’est l’origine des recueils Mekhilta sur l’Exode, Sifré sur les Nombres et le Deutéronome, Sifra sur le Lévitique.