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observation de la Loi. Le prosélytisme disparaît désormais à peu près du sein du peuple qui l’avait le plus ardemment pratiqué. Une loi d’Antonin mit fin aux mesures restrictives d’Adrien et permit aux juifs de circoncire leurs enfants ; mais le jurisconsulte Modestin faisait remarquer que cette permission s’appliquait à leurs enfants seuls, et laissait sous le coup de la peine capitale celui qui pratiquerait cette opération sur un non-juif[1]. Seuls quelques frénétiques, les sicaires, continuaient leurs guets-apens religieux et mettaient les malheureux qu’ils avaient pu surprendre en demeure de choisir entre la circoncision et le poignard[2]. La masse resta étrangère à ces aberrations. Elle renonça à l’héroïsme, et se rendit le martyre inutile par ces habiles distinctions entre les préceptes que l’on peut transgresser afin de sauver sa vie et ceux pour lesquels il faut souffrir la mort. De là un singulier spectacle : le judaïsme,

    révolte de 389 se rapporte à une tout autre situation historique. Théophane, p. 33 ; Cecirenus, p. 299, Paris.

  1. Digeste, de Sicariis, XLVIII, viii, 11 : « Circumcidere Judæis filios suos tantum rescripto Divi Pii permittitur ; in non ejusdem religionis qui hoc fecerit, castrantis pœna irrogatur. » Comparez, dans le passage d’Origène précité, Ἰουδαίοις μόνοις. Voir aussi Spartien, Sept. Sév., 17 ; Lampride, Alex. Sév., 22.
  2. Philosophumena, IX, 26 ; Origène, Contre Celse, II, 13 ; ad Afric., 14 ; Digeste, passage cité.