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nier de ces remaniements, celui de saint Jérôme, fait avec un remarquable sentiment littéraire, a donné au livre la forme qu’il présente dans le texte latin de la Vulgate. Les gaucheries, les maladresses de l’original ont disparu. Il est résulté de ces corrections un vrai petit chef-d’œuvre, que tous les siècles suivants ont lu et admiré.

Le peuple juif n’a point d’égal, quand il s’agit de donner l’accent et le charme à un idéal de justice et de vertus domestiques. La Thora est le premier livre du monde, envisagé comme livre de piété ; mais c’était un code impraticable[1]. Aucune société n’aurait pu y vivre, et, en défendant une nationalité fondée sur de tels principes, les juifs du temps de Bar-Gioras et de Bar-Coziba défendaient une utopie. L’histoire a pour eux la sympathie qu’elle doit à tous les vaincus ; mais combien le pacifique chrétien, combien l’auteur du livre de Tobie, trouvant tout simple qu’on ne se révolte pas contre Salmanasar, étaient bien plus dans la tradition d’Israël !

  1. Origène, De princ., IV, 1 et suiv.