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s’inscrivait parmi les actionnaires. Pour peu qu’une ville eût eu de la célébrité, et qu’il en fût parlé dans les auteurs classiques, elle était sûre de se voir relevée par le César archéologue. C’est ainsi qu’il embellit Carthage et y ajouta un quartier nouveau ; de toutes parts, les villes tombées en décadence sortaient de leurs ruines et prenaient le nom de Colonia Ælia Hadriana[1].

Après un court séjour à Rome, où il rétablit l’enceinte du pomœrium[2] dans le courant de l’an 121, il partit pour un autre voyage, qui dura environ quatre ans et demi, et lui fit voir tout l’Orient. Ce voyage fut plus brillant encore que le premier[3]. On eût dit que le vieux monde ressuscitait sous les pas d’un dieu bienfaisant. Merveilleusement au courant de l’histoire ancienne, Adrien voulait tout voir, il s’intéressait à tout, voulait qu’on restaurât tout ce qui avait existé. On cherchait, pour lui plaire, à faire revivre les arts perdus ; un style néo-égyptien devint à la mode[4] ; on

  1. Par exemple, Thenæ, dans la Byzacène, et Zama, dans la Numidie (Corpus inscr. lat., VI, nos  1685, 1686 ; cf. 1684). Comparez Petra (monnaies). Les prodigieux monuments de Petra sont du temps d’Adrien.
  2. Orelli, no 811.
  3. Spartien, Adr., 19.
  4. Voir la salle no 8 du musée grégorien, au Vatican. Sur la Villa Adriana, voir ci-après, p. 291-292.