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choisir sa compagnie et à ne fréquenter que des gens de bien, esprit d’ordre, régularité en affaires, judicieux arrangements de famille, voilà cette excellente morale juive, qui n’est pas précisément la morale du gentilhomme ni de l’homme du monde, mais qui est devenue le code de la bourgeoisie chrétienne en ce qu’elle a de meilleur. Rien de plus loin de l’avarice. Ce même Tobie, qui vit dans la domesticité des persécuteurs de ses coreligionnaires, parce que la place est avantageuse, a pour principe que le bonheur consiste dans la modicité de la fortune, jointe à la justice ; il sait supporter gaiement la pauvreté, et proclame que la joie est de donner, non de thésauriser[1].

C’est surtout l’idée du mariage qui se montre ici particulièrement chaste, sensée, délicate[2]. Le juif, toujours le souvenir fixé sur ses ancêtres, les prophètes et les patriarches, et assuré que sa race


    évang., VIII, 7 ; Isocrate, Nicoclès, 49, 61 ; Sentences de Sextus, no 169 ; Lampride, Alex. Sévère, 51 ; Talm., de Bab., Schabbath, 31 a ; Sifra sur Lévit., xix, 18 ; Pseudo-Jonathan, sur le même passage. Cf. Monatsberichte de l’Acad. de Berlin, 1876, p. 601.

  1. Ch. xii, 8.
  2. Le texte latin (vi, 17-22 ; viii, 4 et suiv.) présente des idées d’un piétisme bien plus exalté, surtout en ce qui concerne les trois jours de chasteté préalable et l’assertion absolue que le mariage n’a pour but que la perpétuité de la race.