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un modèle de sagesse. Loin de participer à l’idolâtrie des tribus du Nord, il allait régulièrement à Jérusalem, seul endroit choisi par Dieu pour le culte, et il y offrait la dîme aux prêtres descendants d’Aaron, selon les règles du Teruma et du Maaser schéni. Il était charitable, aumônieux, aimable à tous, s’abstenait de manger le pain des païens ; en récompense de quoi Dieu lui procura la faveur de Salmanasar, qui le fit son pourvoyeur. Salmanasar étant mort, Sennachérib, revenu furieux de son expédition contre Jérusalem, se mit à sévir contre les juifs ; leurs cadavres gisaient sans sépulture de tous les côtés ; on les voyait en tas hors des murs de Ninive. Tobie allait furtivement et les enterrait. Le roi, surpris de la disparition des corps, demande ce qu’ils sont devenus. Tobie est poursuivi, se cache, perd ses biens. L’assassinat de Sennachérib le sauve. Il continue son œuvre pie d’enterrer les israélites trouvés morts. Ses voisins se moquent de lui. « Où sera ta récompense ? » lui disent-ils. Un soir, il revient accablé de fatigue ; ne pouvant rentrer chez lui à cause de l’état d’impureté où l’a mis le contact des cadavres, il se jette au pied d’un mur, dans la cour de sa maison, et s’endort ; un accident le rend aveugle. Voilà donc le problème posé comme dans le livre de Job, et avec la même vivacité : un juste non-seulement mal