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blissent des forums, construisent des ponts, élèvent des thermes. — Grand mérite ! répondit Siméon ben Jochaï ; c’est pour leur utilité qu’ils font tout cela : les forums pour y mettre des lupanars ; les bains pour s’amuser ; les ponts pour en toucher le péage[1] » La haine de la vie grecque, toujours vive chez le juif[2], était redoublée par la vue d’un renouvellement matériel qui en paraissait le triomphe éclatant.

Ainsi finit la dernière tentative du peuple juif pour rester une nation possédant une ville et un territoire déterminés. C’est avec pleine raison que la guerre de Bar-Coziba est appelée, dans le Talmud, « la guerre de l’extermination ». Des mouvements graves et comme des reprises de l’incendie se produisirent encore dans les premières années d’Antonin[3] ; ils furent facilement réprimés. À partir de ce moment, Israël n’a plus de patrie et commence la vie errante qui, durant des siècles, va le désigner à l’étonnement du monde[4]. Dans l’empire romain, la situation civile du juif fut perdue sans retour.

  1. Talm. de Bab., Schabbath, 33 b.
  2. I Macch., i, 15 ; II Macch., iv, 9, 32.
  3. Jules Capitolin, Ant. Pius, 5.
  4. Celse (dans Origène, Contre Celse, VIII, 69), Tertullien (Apol., 16) en font déjà la remarque. Comp. Eusèbe, Theoph., 9 ; Test, de 12 patr., Lévi, 15, 16 ; Mara fils de Sérapion, dans Cureton, Spicil. syr., p. 73-74.