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dans le libre exercice de leur culte, et la mémoire de Bar-Coziba paraît avoir été chez eux couverte de malédictions[1].

La construction d’Ælia Capitolina continua plus activement que jamais. On fit tout pour effacer le souvenir d’un passé plein de menaces. Le vieux nom de Jérusalem fut presque oublié. Ælia le remplaça dans tout l’Orient ; cent cinquante ans plus tard, Jérusalem était un nom de géographie ancienne, que personne ne connaissait plus[2]. La ville se remplit d’édifices profanes : forums, bains, temples, théâtres, tétranymphées, etc.[3]. Les statues furent prodiguées de tous les côtés. L’esprit subtil des juifs y chercha des intentions railleuses, que certainement les ingénieurs d’Adrien n’eurent pas. Ainsi, au-dessus de

  1. Passages de saint Justin, précités.
  2. Concile de Nicée, canon 7 ; Conc. de Jérus., en 536, Labbe, V, p. 275 ; Itin. d’Antonin, carte de Peutinger, Onomastique d’Eusèbe et de saint Jérôme. Les premières monnaies musulmanes portent encore ايليا Ælia (Saulcy, p. 188-189 ; Madden, p. 230-231). Cf. saint Jean Chrys., Adv. Jud., orat v, 3 ; Bède (?), au mot Jérus. ; Eusèbe, H. E., VI, xxii, 1 ; VII, v, 1 ; De martyr. Palæst., c. xi ; Adamnan, De locis sanctis, I, 21 ; Eutychius, Ann., I, 354-355 ; charte d’Omar dans Modjir-eddin, Hist. de Jérus., p. 36 et suiv., édit. Sauvaire, p. 224 et suiv., édit. du Caire ; Férazdak, p. 40 (93), Boucher ; Zeitschrift der d. m. G., 1879, p. 216.
  3. Chronique d’Alex., à l’an 119. Un reste de ces grandes constructions est probablement la porte à triple baie appelée l’arc de l’Ecce Homo τρικάμαρον de la Chronique d’Alexandrie).