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près des lieux saints, il fallut y renoncer. L’espèce de culte que le peuple juif avait voué à la terre qu’il croyait lui avoir été donnée par Dieu fut le mal que l’autorité romaine voulut guérir à tout prix, pour couper à l’avenir la racine des guerres judaïques. Un édit chassa les juifs de Jérusalem, ainsi que des environs, sous peine de mort. La vue même de Jérusalem leur fut refusée[1]. Un seul jour par an, à l’anniversaire de la prise de la ville, ils obtenaient l’autorisation de venir pleurer sur les ruines du temple, et oindre d’huile une pierre percée qu’ils regardaient comme marquant le saint des saints[2] ; encore cette permission était-elle fort chèrement achetée[3]. « Ce jour-là, dit saint Jérôme, tu pourrais voir une foule lugubre, un peuple misérable, sans

  1. Justin, Apol. I, 47, 53 ; Dialog., 16, 92 ; Celse, dans Orig., VIII, 69 ; Tertullien, Adv. Jud., 13 ; Apol., 16 et 21 ; Eusèbe, H. E., IV, vi (Moïse de Khor., II, 60) ; Chron., année 19 d’Adrien ; Démonstr. évang., II, 38 ; VI, 18 ; VIII, sub fin. ; In Psalm., p. 267, 382, Montf. ; Théophanie, 9 ; Grég. de Naz., orat. xii, p. 202 ; saint Jérôme, In Soph., ii. In Is., vi ; In Dan., ix ; Jean Chrys., In Jud., v, 11 ; Sulpice Sev., II, 46 ; Orose, VII, 13 ; saint Hilaire, In Psalm., lviii, § 12. Cf. Midrasch Eka, ii, 2 ; Grætz, IV, p. 462-463.
  2. Pél. de Bordeaux, p. 17 (Tobler), lapis pertusus, peut-être la Sakhra.
  3. Origène, In Josue, hom xvii, p. 438, Delarue ; saint Jérôme, In Soph., i, 15 et suiv. ; In Jerem., xviii, xx, xxx ; Pèl. de Bordeaux, l. c ; saint Grég. de Naz., l. c.